Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/466

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tant problème est peut-être sa plus ingénieuse invention.

Parmi les parties constituantes de la machine à vapeur, vous avez sans doute remarqué certain parallélogramme articulé. À chaque double oscillation il se développe et se resserre, avec le moelleux, j’ai presque dit avec la grâce qui vous charme dans les gestes d’un acteur consommé. Suivez attentivement de l’œil le progrès de ses diverses transformations, et vous les trouverez assujetties aux conditions géométriques les plus curieuses ; et vous verrez que trois des sommets des angles du parallélogramme décrivent dans l’espace des arcs de cercle, tandis que le quatrième, le sommet de l’angle qui soulève et abaisse la tige du piston se meut à très-peu près en ligne droite. L’immense utilité du résultat frappe encore moins les mécaniciens que la simplicité des moyens à l’aide desquels Watt l’a obtenu[1].

  1. Voici en quels termes Watt rendait compte de l’essai de ce parallélogramme articulé :

    « J’ai été moi-même surpris de la régularité de son action. Quand je l’ai vu marcher pour la première fois, j’ai eu véritablement tout le plaisir de la nouveauté, comme si j’avais examiné l’invention d’une autre personne. »

    Smeaton, grand admirateur de l’invention de Watt, ne croyait pas, cependant, que dans la pratique elle pût devenir un moyen usuel et économique d’imprimer directement des mouvements de rotation à des axes. Il soutenait que les machines à vapeur serviraient toujours avec plus d’avantage à pomper directement de l’eau. Ce liquide, parvenu à des hauteurs convenables, devait ensuite être jeté dans les augets ou sur les palettes des roues hydrauliques ordinaires. À cet égard les prévisions de Smeaton ne se sont pas réalisées. J’ai vu cependant, en 1834, en visitant les établissements de M. Boulton, à Soho, une vieille machine à vapeur qui est encore employée à élever l’eau d’une large mare et à la verser dans les augets d’une grande roue hydraulique, lorsque la saison étant très-sèche l’eau motrice ordinaire ne suffit pas