Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/47

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V.


Le moment de l’examen arriva enfin, et je me rendis à Toulouse, en compagnie d’un candidat qui avait étudié au collège communal. C’était la première fois que des élèves venant de Perpignan se présentaient au concours. Mon camarade, intimidé, échoua complètement. Lorsque, après lui, je me rendis au tableau, il s’établit entre M. Monge, l’examinateur, et moi, la conversation la plus étrange :

« Si vous devez répondre comme votre camarade, il est inutile que je vous interroge.

— Monsieur, mon camarade en sait beaucoup plus qu’il ne l’a montré ; j’espère être plus heureux que lui ;

    jusqu’aux Îles Baléares, M. Méchain passa de nouveau à Perpignan et vint rendre visite à mon père. Comme j’allais partir pour subir l’examen d’admission à l’École polytechnique, mon père se hasarda à lui demander s’il ne pourrait pas me recommander à M. Monge. « Volontiers, répondit-il mais, avec la franchise qui me caractérise, je ne dois pas vous laisser ignorer que, livré à lui-même, il me paraît peu probable que votre fils se soit rendu complètement maître des matières dont se compose le programme. Au reste, s’il est reçu, qu’il se destine à l’artillerie ou au génie, la carrière des sciences, dont vous m’avez parlé, est vraiment trop difficile à parcourir, et à moins d’une vocation spéciale, votre fils n’y trouverait que des déceptions. » En anticipant un peu sur l’ordre des dates, rapprochons ces conseils de ce qu’il advint : J’allai à Toulouse, Je subis l’examen et je fus reçu ; une année et demie après je remplissais à l’Observatoire la place de secrétaire devenue vacante par la démission du fils de M. Méchain ; une année et demie plus tard, c’est-à-dire quatre ans après l’horoscope de Perpignan, je remplaçais en Espagne, avec M. Biot, le célèbre académicien qui y était mort, victime de ses fatigues.