Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/52

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Il y avait, dans les modes d’examen adoptés à l’École polytechnique de 1804, qu’on cite toujours pour l’opposer à l’organisation actuelle, des bizarreries inqualifiables. Croirait-on, par exemple, que le vieux M. Barruel examinait sur la physique deux élèves à la fois, et leur donnait, disait-on, à l’un et à l’autre la note moyenne ? Je fus associé, pour mon compte, à un camarade plein d’intelligence, mais qui n’avait pas étudié cette branche de l’enseignement. Nous convînmes qu’il me laisserait le soin de répondre, et nous nous trouvâmes bien l’un et l’autre de cet arrangement.

Puisque j’ai été amené à parler de l’École de 1804, je dirai qu’elle péchait moins par l’organisation que par le personnel ; que plusieurs des professeurs étaient fort au-dessous de leurs fonctions, ce qui donnait lieu à des scènes passablement ridicules. Les élèves s’étant aperçus par exemple, de l’insuffisance de M. Hassenfratz, firent une démonstration des dimensions de l’arc-en-ciel remplie d’erreurs de calcul qui se compensaient les unes les autres, de telle manière que le résultat final était vrai. Le professeur, qui n’avait que ce résultat pour juger de la bonté de la réponse, ne manquait pas de s’écrier, quand il le voyait apparaître au tableau : Bien, bien, parfaitement bien ! ce qui excitait des éclats de rire sur tous les bancs de l’amphithéâtre.

Quand un professeur a perdu la considération, sans laquelle il est impossible qu’il fasse le bien, on se permet envers lui des avanies incroyables dont je vais citer un seul échantillon.

Un élève, M. Leboullenger, rencontra un soir dans le