Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/552

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plus estimé encore, s’il est possible, lorsque après vingt-trois années d’exercice il se fut soumis à une destitution brutale, plutôt que de manquer à son devoir. Il faut dire que en père tendre et prévoyant, l’avocat de Nolay ne s’était pas fié sans réserve à la puissance du proverbe et qu’il présida toujours personnellement à la première éducation de ses fils. Lazare Carnot, le sujet de cette Biographie, ne quitta même le toit paternel que pour aller, comme on disait alors, faire sa rhétorique et sa philosophie.

L’enfance des hommes privilégiés qui, à des titres divers, ont joué un rôle éclatant sur la scène du monde, a de tout temps fixé l’attention de tous les biographes. Le connais-toi toi-même ! d’un ancien philosophe serait interprété, d’une façon par trop mesquine, si on se bornait à n’y voir qu’un conseil de prudence ; la maxime est susceptible d’une interprétation plus juste et plus large : elle nous présente, je crois, l’espèce humaine, envisagée dans son ensemble, comme le plus important sujet d’étude qu’en puisse se proposer. Ainsi, Messieurs, recherchons avec soin de quelle manière s’annoncent, naissent et grandissent ces intelligences extraordinaires qui, après leur entier développement, doivent se frayer des routes inconnues. Ces traits caractéristiques méritent d’être recueillis avec d’autant plus d’intérêt, qu’ils deviendront chaque jour plus rares. Dans nos écoles modernes, taillées, du nord au midi, de l’est à l’ouest, exactement sur le même patron ; soumises à des règles communes, à une discipline uniforme ; où les enfants d’ailleurs arrivent à l’âge de neuf à dix ans pour n’en sortir qu’à dix-huit ou