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ESSAI SUR LES MACHINES. — THÉORÈME NOUVEAU SUR LES PERTES DE FORCE.


La première, je dirai plus, la principale production scientifique de Carnot, date de l’année 1783 ; elle est intitulée : Essai sur les machines en général.

Ceux-là se tromperaient beaucoup qui chercheraient dans l’essai de notre confrère la description technique ou l’étude spéciale d’une quelconque des machines simples ou composées dont les hommes ont su tirer tant d’avantages. Tel n’était pas, en effet, le but que l’auteur avait en vue.

Une machine, considérée dans sa plus grande généralité, est l’assemblage d’un nombre plus ou moins considérable de pièces fixes ou mobiles à l’aide desquelles les forces de toute nature produisent ordinairement des effets que leur action directe ne pourrait pas réaliser. Voyez, par exemple, le tailleur de pierre, la main sur la manivelle d’une machine bien simple, sur la manivelle du cric ou du treuil ; il renverse, il incline à sa convenance, il soulève jusqu’au faîte des plus hautes bâtisses d’énormes blocs que, sans cela, il ne parviendrait pas à déplacer de l’épaisseur d’un cheveu.

À la vue de ces effets, les ignorants crient à la merveille ; ils se persuadent que les machines multiplient les forces, et cette idée fausse, radicalement fausse, les jette dans des conceptions bizarres, ordinairement très-compliquées, qui enlèvent chaque année, en pure perte, d’immenses capitaux à l’agriculture, à l’industrie manufacturière et au commerce.