Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/596

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nom à d’utiles travaux et à de vastes projets que l’avenir réalisera peut-être. Il a parcouru une longue carrière sans se faire, certainement, sans mériter un ennemi ! et cependant sa tête fut un jour menacée, et des misérables voulaient la faire tomber lorsqu’elle créait un des monuments scientifiques qui ont jeté le plus d’honneur sur l’ère révolutionnaire. Une lettre anonyme apprend à notre confrère quel danger il vient de courir. L’orage est dissipé, mais il peut se reformer d’un instant à l’autre ; la main amie trace un plan de conduite, des règles de prudence, signale la nécessité de se ménager une retraite. Elle ne laissera pas son œuvre inachevée ; elle reprendra la plume si le danger reparaît.

L’écrivain anonyme, Messieurs, était Carnot ; le géomètre qu’il conservait ainsi à la science et à notre affection était M. de Prony. À cette époque, M. de Prony et Carnot ne s’étaient jamais vus.

Les années 1793 et 1794 ont été caractérisées par deux genres de terreur : la terreur de l’intérieur, je viens de le prouver, Messieurs, notre confrère y resta toujours étranger dans ce qu’elle avait de criminel ; la terreur que les soldats français inspirèrent à d’innombrables ennemis venus de tous les points de l’Europe assaillir nos frontières : celle-ci fut bien l’œuvre de Carnot ; celle-ci a été glorieuse ; le souvenir en sera immortel ; je la revendique pour la mémoire de notre confrère ; je la revendique aussi pour l’honneur de l’Académie. Vous ne refuserez pas, Messieurs, de suivre de nouveau Carnot dans cette phase si belle, si brillante de sa carrière publique. J’en ai pour garant votre dévouement au pays.