Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/72

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qui dominait ma station, une bergère qui chantait une chanson dont je me rappelle seulement ces huit vers, qui donneront une idée du reste :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

A los que amor no saben

Ofroces las dulzuras
Y a mi las amarguras
Que sé lo que es amar.
Las gracias al me certé
Eran cuadro de flores
Te cantaban amores
Por hacerte callar.

Oh ! combien il y a de sève dans cette nation espagnole ! quel dommage qu’on ne veuille pas lui faire produire des fruits !


XV.


En 1807, le tribunal de l’inquisition existait encore à Valence et fonctionnait quelquefois. Les révérends Pères ne faisaient, il est vrai, brûler personne ; mais ils prononçaient des sentences où le ridicule le disputait à l’odieux. Pendant mon séjour dans cette ville, le saint-office eut à s’occuper d’une prétendue sorcière ; il la fit promener dans tous les quartiers, à califourchon sur un âne, la figure tournée vers la queue ; la partie supérieure du corps, depuis la ceinture, n’offrait aucun vêtement ; seulement, pour obéir aux règles les plus vulgaires de la décence, la pauvre femme avait été enduite d’une substance gluante, de miel, me dit-on, sur laquelle adhérait une énorme quantité de petites plumes ; en sorte que,