Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/641

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le Fameux, après trente-sept coups, et le Rayonnant après cent-vingt coups.

Aussi Gassendi disait-il, dans son Mémorial, qu’il n’y avait pas dans l’artillerie française un seul canon de 24 qui pût tirer plus de deux cents coups.

Assurément c’était là un défaut matériel très-grave. Vous imaginez-vous qu’elles dépenses énormes un siége devait entraîner, lorsqu’un canon de 24, après trente à quarante coups, avait besoin d’être remplacé par un autre canon ? Aussi, dans tous les temps, chercha-t-on à rendre les canons plus résistants.

Les tentatives ont été très-variées, on a fait l’âme en fer fondu, en fer forgé, en acier, et tout cela sans succès. Savez-vous qui a réussi ? c’est le théoricien Piobert. Ici le mot de théoricien est d’autant mieux applicable, que c’est la théorie qui l’a guidé, que c’est par la théorie que cet habile officier a été conduit à un mode de chargement qui donne aux canons une durée immense, sans diminuer la vitesse initiale. Ce mode théorique, le comité d’artillerie, au reste, vient de l’adopter.

Avec le mode de chargement imaginé par M. Piobert, des canons de 24 ont tiré non pas quarante, cinquante ou cent coups, mais trois mille sept cent soixante et un coups sans être encore hors de service. Vous pouvez maintenant, Messieurs, apprécier l’immense service que M. Piobert vient de rendre à l’artillerie.

Que M. le ministre de la guerre ferme l’oreille à ces qualifications de théoricien, par lesquelles on le détourne d’accorder de l’avancement aux officiers pleins de mérite qui se dévouent aux progrès de l’art, à l’instruction