Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/685

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à grands cris, on a pu craindre, non sans quelque fondement, que les opinions politiques ne tussent un motif de préférence, et que l’école entière ne finit un jour par partager les préoccupations et les tendances des gens qui cherchaient à la mener. »

Le journal m’est tombé des mains quand j’y ai lu ce que je viens de rapporter. Quelques mots et le public éprouvera un égal sentiment de dégoût.

On vient de voir la liste des maîtres de la science qui successivement se sont éloignés de l’école ; eh bien, qu’on le sache :

M.. Dulong est décédé, en 1838, directeur des études, il est décédé dans les bâtiments de l’école ; la mort seule l’a éloigné de l’établissement.

M. Poisson est décédé en 1840. Il était encore en pleine possession de la place d’examinateur de sortie.

M. de Prony, octogénaire et malade, fut mis à la retraite en 1838. Le respectable vieillard accabla le général Bernard, alors ministre de la guerre, de sollicitations, afin qu’on ne lui enlevât pas le titre d’examinateur de sortie. M. Prony porta ses réclamations jusqu’à Neuilly. Je tiens de lui-même qu’il dit au roi : « La pensée de m’éloigner sans retour d’une école à la création de laquelle j’ai contribué m’est insupportable. » Les témoins de ces réclamations sont pleins de vie ; ils parleront au besoin. M. Prony, repoussé quant à la place active, demanda au moins qu’on ne le rayât pas des contrôles. Il est mort membre honoraire du conseil de perfectionnement.

M. Gay-Lussac a quitté sa chaire de l’École polytechnique dans le courant de l’année 1840. On doit en convenir, le savant illustre aurait manqué de sa perspicacité