Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/705

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mité ; eh bien, je le dis sans hésiter, plusieurs de ces personnages célèbres, quoiqu’ils eussent attaché leurs noms à des découvertes importantes, avaient quelque chose d’incomplet, d’inachevé, parce qu’ils ne s’étaient pas livrés à des études littéraires. Je ne m’arrêterai pas, au reste, à la question de fait ; le fait, je l’expliquerai, j’en donnerai la raison.

Un sculpteur ne sait guère qu’elle sera la valeur du groupe qu’il a rêvé, qu’après l’avoir modelé. Un peintre ne connaît ce qu’il y aurait de défectueux dans le tableau qu’il va produire, qu’après en avoir tracé l’ébauche.

Eh bien, je dis aussi qu’on ne voit le côté faible, le côté vulnérable de la pensée, qu’après l’avoir rédigée, qu’après lui avoir fait prendre une forme, c’est alors, et alors seulement, qu’on l’améliore, qu’on lui donne toute la généralité qu’elle est susceptible de recevoir, qu’on la revêt des couleurs qui doivent la rendre populaire. Cette habitude, cette habileté de rédaction, je la regarde comme nécessaire à tout homme d’étude, comme indispensable, mais je maintiens qu’on peut l’acquérir sans passer nécessairement par le grec et par le latin. Vous voyez que je prends les études littéraires un peu plus au sérieux que certaine notabilité universitaire qui, je m’empresse de le dire, ne siège pas dans cette enceinte, et qui s’exprimait ainsi : « La poésie et les lettres donnent plus de grâce à la galanterie, et plus de délicatesse au plaisir. » Les lettres se présentent à mon esprit d’une manière plus noble, plus grande, plus digne.

Je réclame des études classiques, je les demande, je les regarde comme indispensables ; mais je ne pense pas