Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/706

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qu’elles doivent être nécessairement grecques et latines. Je désire que, dans les écoles communales, et je ne parle que de celles-là, ces études soient remplacées, au gré des conseils municipaux, par l’étude de notre propre langue, par l’étude approfondie du français ; je veux que, dans chaque collége, on puisse substituer au grec et au latin l’étude d’une langue vivante : je demande même que cette langue puisse changer suivant les localités ; qu’à Perpignan et à Bayonne ce soit, par exemple, l’espagnol ; au Havre, l’anglais ; à Besançon, l’allemand. Je m’en rapporterais, en un mot, sur tout cela, au libre arbitre des conseils municipaux ; j’ai confiance en eux, et j’ai la certitude que cette confiance ne serait pas trompée.

Il faut maintenant que je parcoure la série de difficultés qu’on a élevées contre le système que je soutiens, système de liberté que je ne déserterais pas, alors même qu’on le gratifierait de système de liberté indéfinie.

« Les études classiques, nous dit-on, les lettres grecques et latines doivent être le principat, car c’est là la vraie culture de l’esprit et de l’âme. »

Qu’est-ce à dire ? Pascal, Fénelon, Bossuet, Montesquieu, Rousseau, Voltaire, Corneille, Racine, Molière, l’incomparable Molière, seraient privés du privilége si libéralement accordé aux anciens auteurs, d’éclairer, de développer l’esprit, d’émouvoir le cœur, de faire vibrer les ressorts de l’âme ! Dieu me garde de vous faire l’injure de réfuter en détail une pareille hérésie.

« Sans latin et sans grec, aucune intelligence ne se développe. »

Messieurs, au milieu des passions politiques les plus