Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/716

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duction du tableau poétique des connaissances scientifiques que les anciens avaient recueillies du temps de Lucrèce.

Enfin, si je devais citer encore un exemple, je dirais que l’homme qui a fait les calculs les plus arides, les plus abstraits, qui toute sa vie s’est livré à l’étude des logarithmes, non pas d’après des tables de logarithmes, puisqu’il n’en existait pas, mais par des moyens équivalents, Kepler, dont le nom est attaché aux plus grandes découvertes, a passé dix-huit ans de sa vie à chercher les lois d’après lesquelles le monde est organisé.

« Les études scientifiques n’ont rien qui puisse émouvoir les ressorts de l’âme ! »

Je suis étonné de ne pas voir arriver à la suite de cet aphorisme une certaine anecdote qui court tous les recueils d’ana. On prétend qu’un géomètre de l’Académie des sciences, qui assistait à la représentation d’une pièce de Racine, s’écria : « Qu’est-ce que cela prouve ? »

Ce prétendu géomètre avait grand tort, car les tragédies de Racine prouvent toutes quelque chose. C’est un mérite que l’on reconnait aux tragédies de Racine, et à toutes les parties de ses tragédies. Dans tous les cas, j’aurais pu répondre à l’anecdote par des anecdotes qui ne sont peut-être pas plus vraies, et qui concernent certains grammairiens qui ont commencé leur entrée dans le monde par vouloir y porter l’étude de la grammaire.

Mais je dis que le fait n’est pas vrai, et qu’il a été attribué à une personne plus littérateur que géomètre, à Lagny, géomètre assez peu connu, mais très-remarquable par des succès précoces dans l’étude des lettres.