Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 13.djvu/167

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complémentaires lorsque la ligne visuelle fera avec la surface des miroirs un angle très-aigu.

« Les couleurs des deux images qu’on voyait sur le couvercle de cuivre étaient complémentaires et paraissaient se correspondre parfaitement ; les anneaux correspondants des deux séries dont je viens de parler ont des diamètres un peu inégaux, car sans cela on les verrait successivement disparaître, pendant chaque quart de révolution du rhomboïde de carbonate de chaux.

« Au lieu de placer la lentille objective sur un miroir métallique, je l’ai quelquefois pressée sur une plaque de verre très-épaisse ; mais les anneaux formés de cette manière, examinés à l’aide d’un rhomboïde de carbonate de chaux, ont toujours donné deux Images entièrement semblables, soit relativement à la grandeur, soit relativement aux couleurs ou à la disposition des divers anneaux : l’une des deux séries est seulement d’autant plus faible que l’angle de réflexion approche davantage de 35°.

« L’inversion de couleurs que l’on observe dans l’une des deux séries d’anneaux, en dessous de l’angle qui correspond à leur polarisation complète, semble, d’après les expériences précédentes, devoir dépendre de quelque modification particulière et inconnue que les métaux impriment aux rayons de lumière. Je m’étais en effet arrêté d’abord a cette idée, mais j’ai aperçu depuis des phénomènes analogues sur des corps autres que des métaux.

« Le charbon de terre, par exemple, est quelquefois teint de couleurs très-vives, et qui se comportent dans les phénomènes de la double réfraction comme si ces couleurs étaient appliquées sur un miroir de métal ; tandis que les anneaux qu’on forme artificiellement en plaçant un miroir de verre sur une plaque de charbon de terre polie ressemblent sous tous les rapports aux anneaux qui entourent le point de contact de deux lentilles de verre.

« J’ai soumis aux mêmes épreuves les couleurs qu’on aperçoit sur les facettes de quelques cristaux de fer oligiste, sur les minerais de plomb sulfuré, sur le cuivre pyriteux, sur l’acier recoit à différents degrés, etc., et toujours avec des résultats, sinon identiques, du moins analogues à ceux que je viens de décrire.

« Je me suis uniquement proposé aujourd’hui de faire connaître ce phénomène en général ; dans un autre Mémoire, j’indiquerai de quels principes il me semble dépendre ; j’aurai alors l’occasion d’indiquer avec détail les modifications que la nature de la lame mince et celle du corps sur lequel elle repose doivent apporter soit dans la teinte particulière dont chaque image doit se colorer, soit dans la valeur de l’angle sous lequel deux faisceaux lumineux