Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 13.djvu/184

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qu’on s’éloigne du corps opaque. Continuez à travailler en vous mettant d’abord au courant de cette branche de l’optique par la lecture de l’ouvrage de Grimaldi, de celui de Newton, du Traité anglais de Jordan et des Mémoires de Bourgham et de Young, qui font partie de la collection des Transactions philosophiques. »

Fresnel fut effrayé d’avoir tant de livres à lire, et puis la difficulté de se les procurer était grande pour un homme éloigné de Paris ; les travaux de Young étaient d’ailleurs les seuls qui le préoccupaient fortement ; il écrivit à M. Arago la lettre suivante :

Mathieu, le 12 novembre 1815.

« Monsieur,

« Ce que vous me dites du système du docteur Young me fait désirer de connaître plus précisément en quoi je me suis rencontré avec lui. Vous concevez quelles peuvent être à ce sujet les petites inquiétudes de mon amour-propre. Je voudrais bien savoir s’il s’explique nettement sur la manière dont il conçoit l’influence que les rayons lumineux exercent les uns sur les autres. Il me semble que s’il avait là-dessus les mêmes idées que moi, il aurait dû être conduit aux mêmes formules, et en conclure aussi que les franges extérieures cheminent suivant des hyperboles. Car, je dois le dire, ce n’est point l’observation, mais la théorie qui m’a conduit à ce résultat que l’expérience a ensuite confirmé… Des anomalies m’avaient bien fait soupçonner auparavant que ces franges ne se propageaient pas suivant une ligne droite ; mais je pouvais attribuer d’aussi légères différences à l’inexactitude de mes observations. Ce n’est qu’après avoir trouvé la formule qui représente le phénomène que j’ai construit un micromètre et que j’ai pu donner à mes expériences un assez haut degré de précision pour m’assurer de ces déviations. Mon micromètre étant très-incommode, je n’ai pu faire qu’un petit nombre d’observations. Comme je me dépêchais, je ne me suis pas donné le temps de réfléchir sur les circonstances les plus propres à faire ressortir la courbure des franges extérieures. D’ailleurs je ne faisais guère ces expé-