Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/163

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les honnêtes gens… Si vous avez besoin de votre copie, je vous la renverrai en vous demandant la permission d’en faire une pour moi. »

Voltaire demandant, pour son usage personnel, la permission de copier l’éloge de Fontaine ! connaît-on un hommage au-dessus de celui-là ?

À l’éloge de Fontaine succéda celui non moins piquant, non moins ingénieux, non moins philosophique, de la Condamine. L’Académie et le public le reçurent avec des applaudissements unanimes.

Enfin, avec les seules exceptions des années 1775 et 1776, pendant lesquelles l’Académie n’éprouva aucune perte, le secrétaire eut à pourvoir annuellement, jusqu’en 1788, à trois, à quatre, et même à huit compositions analogues.

Le style de ces derniers éloges de Condorcet est grave et noble. On n’y aperçoit aucune trace de manière, de recherche ; aucun désir de faire effet par l’expression ; de couvrir sous la pompe, sous la bizarrerie du langage, la faiblesse, la fausseté de la pensée.

Notre confrère résista avec d’autant plus d’assurance à l’invasion du mauvais goût, à la confusion des genres, aux tendances dithyrambiques dont une certaine école commençait à faire l’essai, que Voltaire l’encourageait, qu’il lui écrivait de Ferney, à la date du 18 juillet 1774 : « C’est sans doute un malheur d’être né dans un siècle dégoûté ; mais, que voulez-vous : le public est à table depuis quatre vingts ans ; il boit de mauvaise eau-de-vie sur la fin du repas. »

C’est aujourd’hui chose assez généralement convenue,