Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Tous les citoyens pleuraient la ruine de leur patrie ; L’Hôpital seul espérait encore. Jamais l’espérance n’abandonne les grandes passions. L’amour du bien public était chez le chancelier une passion véritable ; il en avait tous les caractères, même les illusions. L’Hôpital jugeait les obstacles, mais il sentait ses forces. »

Le style a de l’obscurité ! C’est, ce me semble, un devoir rigoureux de formuler de pareilles critiques avec une incontestable clarté ; or, je ne sais ce que La Harpe entend par des « phrases qui se redoublent les unes dans les autres. » Je le comprends parfaitement, au contraire, lorsqu’il nous dit : « Le ton (de Condorcet) est souvent au-dessous d’une narration noble. Il parle d’échalas carrés, de bûches et de petits pâtés dans l’éloge d’un chancelier : Bossuet en aurait été un peu étonné. »

Nous devons nous persuader ici, par esprit de corps, que la remarque de La Harpe n’exerça pas d’influence sur la décision de l’Académie. Savez-vous, en effet, où figurent les termes que vous venez d’entendre, ces termes dont le critique se montre si indigné, que, par voie de contraste, ils reportent ses idées sur l’éloquence majestueuse de l’aigle de Meaux ? C’est dans une citation, dans une note où Condorcet signale avec raison les étranges, disons mieux, les déplorables règlements que le système prohibitif inspira jadis à l’esprit, cependant, si droit, si élevé, de Michel de L’Hôpital.

Oui, Messieurs, le fait est vrai : le vertueux chancelier défendit de crier des petits pâtés dans les rues, et cela, il faut bien l’avouer, car ses expressions n’admettent pas d’équivoque, pour ne pas exposer les pâtissiers à l’oisiveté,