Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/176

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Il déclarait, enfin, à toute occasion, sous toutes les formes, ne pas être l’auteur de la Lettre d’un théologien ; mais, qu’on le remarque bien, c’était toujours dans un besoin de repos, dans la crainte de persécutions ; jamais dans un intérêt d’amour-propre.

Voyez, au contraire, si, lorsque M. de Tressan attribuait, très-imprudemment, à Voltaire l’épître médiocre d’un prétendu chevalier de Morton, Écossais, le patriarche ne réclamait pas à la fois, et avec une égale vigueur, dans l’intérêt de l’homme et dans celui du poëte : « Je suis, écrivait-il à Condorcet, le Marphorio à qui l’on attribue toutes les pasquinades… Je ne fais pas des vers tels que ceux-ci ;… tels que ceux-là ;… c’est une honte de me les attribuer. Je me déciderai à prouver par écrit que ma prétendue épître ne vaut pas grand’chose. »

Rien de semblable, je le répète, ne se remarque dans les plaintes de Voltaire sur la Lettre d’un théologien. La paternité qu’on lui impute le contrarie vivement, mais c’est seulement à cause des tracasseries qui peuvent en être la suite. Nulle part il ne dit, nulle part il n’insinue même que les suppositions du public aient blessé l’homme de lettres.

Je livre ces réflexions à tous ceux qui, dans leur aveugle passion, ont refusé à Condorcet de la finesse, de la gaieté, du style.

Dans la société de d’Alembert, notre ancien confrère était devenu géomètre, Turgot lui inspira à son tour le goût de l’économie sociale. Leurs idées, leurs espérances, leurs sentiments s’étaient complétement identifiés. Il serait vraiment impossible de citer un seul point d’une science,