Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/204

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fécond et moins célèbre. Pressé par le temps et par les matières, je ne puis pas même en faire connaître les titres.

Condorcet ayant renoncé, vers les derniers mois de 1791, à la place de commissaire de la trésorerie, se porta à Paris comme candidat pour l’Assemblée législative. Jamais candidature ne fut plus vivement combattue ; jamais la presse salariée n’enfanta plus de libelles. Il était de mon devoir de rechercher ces productions de l’esprit de parti et de les apprécier ; mais je ferais injure à l’auditoire qui m’écoute si j’entreprenais d’en donner ici l’analyse. Je l’avouerai, toutefois, au milieu d’un torrent d’accusations calomnieuses et absurdes, j’avais aperçu une assertion tellement nette, tellement catégorique, qu’en l’absence d’une dénégation également formelle, que je ne trouvais nulle part, le fait imputé à notre confrère m’inspirait un véritable malaise. Grâce au respectable M. Cardot, longtemps secrétaire de Condorcet, tous les nuages ont disparu. Condorcet, disait le pamphlétaire, fréquentait nuitamment la cour, et surtout Monsieur, à l’instant même où il les attaquait par ses écrits ; voici les noms des personnes qui témoigneront de la réalité de ces communications clandestines. « Oui ! oui ! s’est écrié, quand je l’ai consulté, le chef de notre secrétariat ; oui, j’ai eu connaissance de cette grave imputation ; mais je me souviens que, toute vérification faite, il fut constaté que le visiteur mystérieux était, non Condorcet, secrétaire perpétuel de l’Académie, mais le comte d’Orsay, premier maréchal des logis dans la maison de Monsieur, frère du roi. »