Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/257

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« On doit juger que cet individu nous inquiéta beaucoup ; nous ne pouvions deviner s’il était venu pour espionner, ou pour donner un avis généreux (je dois dire à sa louange qu’il était venu dans cette dernière intention : nous l’avons su depuis). Quoi qu’il en soit, le lendemain matin, Condorcet reçut une lettre qui lui annonçait qu’on devait peut-être le même jour faire une visite dans la maison qu’on soupçonnait recéler des fugitifs du Midi. »

On ne trouve, comme on voit, dans cette relation, aucune trace de l’impatience juvénile qui, suivant M. de Lamartine, amena la fin déplorable de Condorcet.

J’ai rendu compte (page 188), des principales circonstances qui conduisirent à une séparation malheureuse et définitive entre Condorcet et son illustre ami le duc de La Rochefoucauld. Quand la séparation éclata, les ennemis de Condorcet cherchèrent à l’envenimer, ils crièrent à l’ingratitude ; ils prétendirent que La Rochefoucauld avait constitué de son plein gré une rente perpétuelle de 5,000 francs en faveur du savant académicien, au moment de son mariage, et que la rupture fut suivie de la demande brutale et impérative du capital. M. de Lamartine a recueilli ces bruits ; on ne peut lui en faire un reproche, ils étaient fort répandus. Pour moi, qui ne devais pas m’en rapporter à la rumeur publique, j’accomplissais un devoir en prenant avec soin les informations qui pouvaient me conduire à la vérité. La vérité, j’ai eu l’avantage de la découvrir, et, je le dis avec bonheur, elle ne jettera aucune ombre sur la brillante figure de Condorcet ; elle montrera qu’il