style véritablement éloquent, qui est toujours convenable au sujet. »
Bailly devint l’ami particulier, l’ami intime de Franklin, à la fin de 1777. Les relations personnelles de ces deux hommes d’élite commencèrent de la plus étrange manière.
Un des membres les plus illustres de l’Institut, Volney, disait en revenant du Nouveau Monde : « Les Anglo-Américains taxent les Français de légèreté, d’indiscrétion, de babil. » (Volney, préface du Tableau du climat des États-Unis.) Telle est l’impression, à mon avis très-erronée, du moins par comparaison, sous laquelle l’ambassadeur Franklin arrivait en France. Tout le monde sait qu’il descendit à Chaillot. Habitant de la commune, Bailly croit devoir rendre visite, sans retard, à l’hôte illustre qu’elle vient de recevoir. Il se fait annoncer ; Franklin, qui le connaissait de réputation, l’accueille d’un air très-cordial et échange avec son visiteur ces huit ou dix paroles que tout le monde prononce en pareille circonstance. Bailly s’assied auprès du philosophe américain, et, par discrétion, attend quelque question. Une demi-heure se passe, et Franklin n’a pas ouvert la bouche. Bailly tire sa tabatière, la présente à son voisin sans mot dire ; celui-ci fait signe de la main qu’il ne prend pas de tabac. L’entrevue muette se prolonge ainsi pendant une heure entière. Bailly se lève, enfin. Alors, Franklin, comme