Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/316

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pas de cause désespérée. Celle du magnétisme semblait devoir succomber sous les attaques réitérées de la médecine, de la philosophie, de l’expérience et du bon sens… Eh bien, M. Servan, ci-devant procureur général à Grenoble, vient de prouver qu’avec de l’esprit on revient de tout, même du ridicule ! »

La brochure de Servan sembla dans le temps l’ancre de salut des mesmériens. Les adeptes lui empruntent encore aujourd’hui leurs principaux arguments. Voyons donc si réellement elle a ébranlé le rapport de Bailly.

Dès les premières lignes, le célèbre avocat général pose la question en termes qui manquent d’exactitude. À l’en croire, les commissaires étaient appelés à établir un parallèle entre le magnétisme et la médecine ; ils devaient « peser de part et d’autre les erreurs et les dangers ; indiquer avec un sage discernement ce qu’il convenait de conserver ou de retrancher dans les deux sciences. » Ainsi, d’après Servan, l’art de guérir tout entier aurait été en question, et l’impartialité des médecins pouvait paraître suspecte. L’habile magistrat n’avait garde d’oublier, en pareille occurrence, l’éternelle maxime de droit : nul ne peut être juge et partie. Les médecins devaient donc se récuser.

Vient ensuite un légitime hommage aux académiciens non gradués, membres de la commission. « Devant Franklin et Bailly, dit l’auteur, tout genou doit fléchir. L’un a beaucoup inventé, l’autre a beaucoup retrouvé ; Franklin appartient aux deux mondes, et tous les siècles semblent appartenir à Bailly. » Mais s’armant ensuite, avec plus d’habileté que de droiture, de ces paroles