Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/323

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ces émanations corporelles individuelles furent douées, les unes relativement aux autres, sans la moindre apparence de preuves, soit d’un grand pouvoir d’assimilation, soit d’un antagonisme prononcé, soit enfin d’une complète neutralité ; mais on prétendit voir dans ces qualités occultes les causes matérielles des affections les plus mystérieuses de l’âme : oh ! alors, le doute dut légitimement s’emparer de tous les esprits à qui la marche sévère des sciences avait enseigné à ne point se payer de vaines paroles. Dans le système singulier que je viens de rappeler, lorsque Corneille disait :

Il est des nœuds secrets, il est des sympathies,
Dont par les doux rapports les âmes assorties
S’attachent l’une à l’autre…

lorsque le célèbre jésuite espagnol Balthazar Gracian parlait de la parenté naturelle des esprits et des cœurs, ils faisaient allusion l’un et l’autre, et assurément sans le soupçonner, au mélange, à la pénétration, au croisement facile de deux atmosphères.

« Je ne t’aime pas, Sabidus, écrivait Martial, et je ne sais pourquoi : tout ce que je puis te dire, c’est que je ne t’aime pas. » Les mesmériens auraient facilement levé les doutes du poëte. Si Martial n’aimait pas Sabidus, c’est que leurs atmosphères ne pouvaient s’entremêler sans donner lieu à une sorte de tempête.

Plutarque nous apprend que le vainqueur d’Arminius tombait en défaillance à la vue d’un coq. L’antiquité s’étonna de ce phénomène. Quoi de plus simple, cependant : les émanations corporelles de Germanicus et du coq exerçaient l’une sur l’autre une action révulsive.