Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/327

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Je ne saurais approuver le mystère dont s’enveloppent les savants sérieux qui vont assister aujourd’hui à des expériences de somnambulisme. Le doute est une preuve de modestie, et il a rarement nui aux progrès des sciences. On n’en pourrait pas dire autant de l’incrédulité. Celui qui, en dehors des mathématiques pures, prononce le mot impossible, manque de prudence. La réserve est surtout un devoir quand il s’agit de l’organisation animale.

Nos sens, malgré plus de vingt-quatre siècles d’études, d’observations, de recherches, sont loin d’être un sujet épuisé. Voyez, par l’exemple, l’oreille. Un physicien célèbre, M. Wollaston, s’en occupe ; aussitôt, nous apprenons qu’avec une égale sensibilité, relativement aux sons graves, tel individu entend les sous les plus aigus, et tel autre ne les entend pas du tout ; et il devient avéré que certains hommes, avec des organes parfaitement sains, n’entendirent jamais le grillon des cheminées ; ne se doutèrent point que les chauves-souris poussent souvent des cris très-aigus ; et l’attention une fois éveillée sur ces singuliers résultats, des observateurs ont trouvé les différences de sensibilité les plus étranges entre leur oreille droite et leur oreille gauche, etc., etc.

La vision offre des phénomènes non moins curieux et un champ de recherches infiniment plus vaste encore. L’expérience a prouvé, par exemple, qu’il existe des personnes absolument aveugles pour certaines couleurs, telle que le rouge, et qui jouissent d’une vision parfaite relativement au jaune, au vert et au bleu. Si le système newtonien de l’émission est vrai, il faut irrévocablement