Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/347

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fougueux abbé, des déclarations si catégoriques, si nettes et si progressives du savant astronome.

Le mardi 12 mai, l’assemblée générale des électeurs procéda au scrutin pour la nomination du premier député de Paris. Bailly fut choisi.

Cette nomination est souvent citée comme une preuve de la haute intelligence et de la sagesse de nos pères, deux qualités qui, depuis, auraient été toujours en déclinant, s’il fallait en croire d’aveugles pessimistes. Une pareille accusation m’imposait le devoir de porter jusqu’à l’exactitude numérique l’appréciation de cette sagesse, de cette intelligence qu’on nous oppose. Voici le résultat : la majorité des suffrages était de 159 ; Bailly en obtint 173 ; c’était 14 de plus qu’il n’en fallait. Quatorze voix, en se déplaçant, auraient changé le résultat. Est-ce bien là, je le demande, l’occasion de se tant récrier ?

Bailly se montra profondément touché de la marque de confiance dont il venait d’être l’objet. Sa sensibilité, sa reconnaissance ne l’ont pas empêché toutefois de consigner dans ses Mémoires cette observation naïve : « Je remarquai dans l’assemblée des électeurs une grande défaveur pour les gens de lettres et pour les académiciens. »

Je recommande cette réflexion aux hommes d’étude que les circonstances ou le sentiment du devoir jetteront dans le tourbillon politique. Peut-être céderai-je à la tentation de la développer, lorsque j’aurai à caractériser les relations de Bailly avec ses collaborateurs de la première municipalité de Paris.

La grande question sur la vérification des pouvoirs