Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/380

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Ces ennemis avaient concentré dans la capitale trente à quarante mille étrangers et gens sans aveu. Que pouvait-on leur opposer ? Les tribunaux ? Ils étaient sans force morale et ennemis déclarés de la Révolution. La garde nationale ? Elle venait de naître ; les chefs se connaissaient à peine entre eux, et, à leur tour, ils ne connaissaient pas ceux qui devaient leur obéir. Était-il du moins permis de compter sur la force armée régulière ? Elle se composait de six bataillons de gardes françaises sans officiers ; de six mille soldats qui, de tous les points de la France, étaient accourus isolément à Paris, après avoir lu dans les gazettes ces paroles du général Lafayette : « On parle de déserteurs ! Les vrais déserteurs sont ceux qui n’ont pas abandonné leurs drapeaux. » Il y avait enfin dans Paris six cents gardes suisses, déserteurs de leurs régiments ; car, disons-le avec franchise, le célèbre monument de Lucerne n’empêchera pas, aux yeux de l’histoire impartiale et éclairée, de reconnaître que les Suisses eux-mêmes avaient éprouvé la fièvre révolutionnaire.

Ceux qui, avec d’aussi misérables moyens de répression, se seraient flattés d’empêcher absolument tout désordre, dans une ville de sept à huit cent mille âmes en fermentation, auraient été bien aveugles. Ceux, d’autre part, qui prétendraient faire planer la responsabilité des désordres sur Bailly, déclareraient par cela même que les honnêtes gens doivent se tenir à jamais éloignés des affaires en temps de révolution.

L’administrateur, cet être de création toute moderne, déclare aujourd’hui, avec la plus risible suffisance, que Bailly n’était pas à la hauteur des fonctions de maire de