Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/390

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tuante. Ce récit, dont personne assurément moins que moi n’attaquera la sincérité, offre des lacunes involontaires, mais très-graves. Je les signalerai lorsque la marche des événements nous conduira, à la suite de notre malheureux confrère, au tribunal révolutionnaire.



BAILLY QUITTE LA MAIRIE LE 12 NOVEMBRE 1791. — LES ÉCHEVINS. — EXAMEN DES REPROCHES QU’ON PEUT ADRESSER AU MAIRE.


Je reprends la vie de Bailly au moment où il quitta l’Hôtel de Ville après une magistrature d’environ deux années.

Le 12 novembre 1791, Bailly convoqua le conseil de la commune, rendit compte de sa gestion, invita solennellement ceux qui croiraient avoir à se plaindre de lui à le dire sans aucune réserve, décidé qu’il était à s’incliner devant toute réclamation légitime, installa son successeur Pétion, et se retira. Cette séparation n’amena, de la part des collaborateurs de l’ancien maire, aucune de ces démonstrations partant du cœur, qui sont la vraie, la plus douce récompense de l’homme de bien.

J’ai cherché la cause cachée d’une hostilité si constante, si peu déguisée, contre le premier maire de Paris. Je me suis demandé d’abord si les manières du magistrat avaient pu exciter les susceptibilités des échevins. La réponse a été décidément négative. Bailly montrait dans toutes les relations de la vie une patience, une douceur, une déférence pour les opinions d’autrui qui auraient défié l’amour propre le plus susceptible.

Fallait-il mettre la jalousie en jeu ? Non, non ; les per-