Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/391

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sonnages obscurs qui composaient le conseil de la ville ne pouvaient sans démence prétendre lutter en public de considération et de gloire avec l’illustre auteur de l’Histoire de l’astronomie, avec le savant, l’écrivain, l’érudit qui appartenait à nos trois principales Académies, honneur dont le seul Fontenelle avait joui auparavant.

Disons-le hautement, car telle est notre conviction, rien de personnel n’excitait les mauvais procédés, les actes d’insubordination que Bailly, presque chaque jour, avait à reprocher à ses nombreux collaborateurs. Il est même présumable que, dans sa position, tout autre aurait eu à enregistrer des griefs encore plus graves et plus nombreux. Soyons vrai : lorsque l’aristocratie du rez-de chaussée, suivant l’expression d’un des plus illustres membres de l’Académie française, fut appelée par les mouvements révolutionnaires à remplacer l’aristocratie du premier étage, la tête lui tourna. N’ai-je pas, disait-elle, conduit avec probité et succès les transactions du magasin, de l’atelier, du comptoir, etc. ; pourquoi ne réussirais-je pas de même dans le maniement des affaires publiques ? Et cette fourmilière de nouveaux hommes d’État avait hâte de se mettre à l’œuvre, et tout contrôle lui devenait importun, et chacun voulait pouvoir dire en rentrant dans son quartier : « J’ai rédigé tel acte qui enchaînera à jamais les factions ; j’ai réprimé telle ou telle émeute ; je viens, enfin, de sauver le pays en proposant et faisant adopter telle ou telle mesure de salut public. » Le pronom je chatouille si agréablement l’oreille d’un parvenu !

Ce que l’échevin pur sang, ancien ou moderne, re-