Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/394

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Toutefois, l’eau souterraine apparaît. Un habile ingénieur a dû, il est vrai, l’aller chercher à 548 mètres de profondeur ; de là, limpide comme le cristal, pure comme le produit d’une distillation, échauffée comme les lois physiques l’avaient indiqué d’avance, plus abondante, enfin, qu’on n’aurait osé le prévoir, elle s’est élancée à 33 mètres au-dessus du sol.

Ne croyez pas, Messieurs, que, mettant de côté de misérables intérêts d’amour-propre, l’échevin applaudisse à un pareil résultat. Il s’en montre au contraire profondément humilié. Aussi, ne manquera-t-il pas, dans la suite, de s’opposer à tout essai qui pourrait tourner à l’honneur des sciences.

Des traits pareils s’offrent de même en foule à la pensée. Est-ce à dire qu’on doive se montrer effrayé de voir l’administration des villes livrée à l’esprit exclusif et stationnaire du vieil échevinage ; de ceux qui n’ont rien appris, ni rien étudié ? Telle n’est point la conséquence de ces longues réflexions. J’ai voulu faire prévoir la lutte et non la défaite. Je me hâte même d’ajouter qu’à côté de l’échevin rogue, dur, tranchant, absolu, et dont le type, à vrai dire, commence aujourd’hui à se perdre, il existe une classe honorable de citoyens qui, satisfaits d’une fortune modeste laborieusement acquise, vivent dans la retraite, charment leurs loisirs par l’étude, et se mettent de grand cœur, sans aucune vue intéressée, au service de la communauté. Partout de pareils auxiliaires combattent courageusement pour la vérité dès qu’elle leur apparaît. Bailly obtint constamment leur concours ; de touchants témoignages de reconnaissance et de sym-