Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/432

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de-Mars. Mérard Saint-Just, l’ami intime de Bailly, a cité par ses initiales un misérable qui, le jour même de la mort de notre confrère, se vantait publiquement d’avoir électrisé les quelques acolytes qui, avec lui, exigèrent le déplacement de l’échafaud ; le lendemain du supplice, la séance des Jacobins retentissait du nom d’un autre individu du Gros-Caillou, lequel réclamait aussi sa quote-part d’influence dans le crime.

J’ai déroulé successivement devant vous la série d’événements de notre révolution auxquels Bailly a pris une part directe ; j’ai recherché, avec scrupule, les moindres circonstances de la déplorable affaire du Champ-de-Mars ; j’ai suivi notre confrère dans la proscription, au tribunal révolutionnaire, jusqu’au pied de l’échafaud. Nous l’avions vu, précédemment, entouré d’estime, de respect et de gloire, au sein de nos principales Académies. Toutefois, l’œuvre n’est pas complète ; il y manque plusieurs traits essentiels.

Je réclamerai donc encore quelques instants de votre bienveillante attention. La vie morale de Bailly est comme ces chefs-d’œuvre de la sculpture antique, qui doivent être étudiés sous tous les aspects, et dans lesquels on découvre sans cesse de nouvelles beautés à mesure que la contemplation se prolonge.



PORTRAIT DE BAILLY. — SA FEMME.


La nature ne dota point généreusement Bailly de ces avantages extérieurs qui préviennent au premier abord. Il était grand et maigre. Un visage comprimé, des yeux