Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/449

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dant moins sensible à cette brillante perspective qu’au plaisir d’avoir enfin reçu un témoignage de satisfaction qui ne s’adressait pas exclusivement à la dextérité de ses doigts. Il faut bien l’avouer, tout en accordant jusque-là de très-grands éloges aux travaux graphiques de notre confrère, on avait paru l’engager à ne pas porter son ambition plus loin ; et lui, dans le sentiment de sa force, voulut plus d’une fois déchirer, fouler aux pieds ses belles épures, afin d’échapper à des compliments presque toujours suivis de restrictions, de conseils qui l’humiliaient.

C’est de l’époque où Monge entra en fonction comme répétiteur à l’école de Mézières, que date réellement la branche des mathématiques appliquées, connue aujourd’hui sous le nom de géométrie descriptive.

Au point de vue de l’utilité, la géométrie descriptive est incontestablement le plus beau fleuron de la couronne scientifique de notre confrère. Je ne saurais donc me dispenser d’en donner ici une idée générale. Je ne me fais pas illusion sur la sécheresse des détails que l’analyse des découvertes de Monge pourra m’imposer ; mais je sais aussi que j’ai l’honneur de parler devant une assemblée juste appréciatrice du sentiment du devoir, et cette réflexion me rassure entièrement. Personne d’ailleurs n’a dû supposer qu’il ne serait pas question de mathématiques dans la biographie d’un mathématicien.

La géométrie descriptive, la géométrie analytique, ne s’occupent, ne peuvent s’occuper que de lignes, que de surfaces susceptibles d’une définition rigoureuse : ce sont les expressions sacramentelles de Monge.

Quel sens devons-nous leur attribuer ?