Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/475

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MONGE S’ASSOCIE AVEC ENTHOUSIASME AUX IDÉES DE RÉGÉNÉRATION PROCLAMÉES PAR L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE. — SA NOMINATION AU MINISTÈRE DE LA MARINE.


Notre confrère venait de poser seulement les bases de son important travail sur la composition des machines, lorsque la Révolution de 1789 éclata. Les principes de justice, de liberté, d’égalité, qui retentirent alors d’une extrémité de la France à l’autre, excitèrent dans l’âme de Monge des sentiments de sympathie et d’enthousiasme. Pendant sa jeunesse, irrévocablement attaché par les préjugés nobiliaires à la section de l’école du génie nommée dédaigneusement la Gâche, il se transportait avec bonheur, dans ses rêves, à une époque éloignée où le génie pourrait prendre librement son essor, où chacun recevrait du pays l’emploi le plus approprié à son mérite, à ses facultés. Cette utopie allait devenir une réalité ; les événements s’étaient déroulés avec une rapidité que les plus fervents amis du progrès n’avaient osé espérer. Monge attendait avec anxiété une occasion de mettre son dévouement au service d’une si belle cause. Elle lui fut d’abord offerte par le projet d’établissement d’un nouveau système de poids et mesures. Le nom de notre confrère figure honorablement parmi ceux des commissaires que l’Académie chargea d’éclairer le public sur les avantages de mesures assujetties à la division décimale, et d’étalons pris dans la nature.

Lorsque la désaffection des faubourgs, entretenue par la commune, et surtout par Danton ; lorsque l’arrivée à Paris de cinq cents révolutionnaires marseillais pleins