Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/517

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part aux deux compétiteurs : Monge donna la vie à l’École polytechnique ; Prieur, dans les premiers temps, l’empêcha de mourir.

L’amour de Monge pour l’École polytechnique n’eut pas le sort ordinaire des sentiments qui, à leur début, sont empreints d’enthousiasme : il dura, il conserva toute sa force primitive pendant plus de vingt années. Quelques citations très-courtes mettront la passion de notre confrère dans son vrai jour. Je ne m’astreindrai pas cette fois à l’ordre des dates ; j’anticiperai même beaucoup sur le temps à venir ; les principaux faits relatifs à notre établissement national seront ainsi réunis en un seul faisceau.

Partout où les circonstances conduisaient notre confrère, il faisait de l’École polytechnique, des services qu’elle avait rendus, de ceux que le pays en devait attendre encore, l’objet de ses entretiens de prédilection. Tous les amis de Monge devenaient ainsi des admirateurs de la célèbre École, et ils ne manquaient pas, dans leurs voyages à Paris, d’en suivre les leçons. Voilà le secret de la présence aux amphithéâtres du Palais-Bourbon de généraux illustres, tels que Desaix et Caffarelli ; voilà comment, entre la conquête de l’Italie et celle de l’Égypte, le général Bonaparte lui-même assista à plusieurs cours et parcourut attentivement les diverses salles d’étude ; voilà pourquoi, après trois années seulement d’existence, la création de Monge n’était guère citée à la tribune législative, dans les actes des autorités et dans les journaux, qu’accompagne d’une de ces trois locutions : « L’établissement sans rival comme sans modèle ; l’institution