Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/519

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affectés, tous les ans, au paiement de la pension de quelques malheureux élèves que le manque de fortune aurait tenus à l’écart. Cette générosité éclairée a laissé dans l’École un tendre et reconnaissant souvenir. Chaque promotion le transmet religieusement à la promotion qui lui succède.

Les passions politiques pénétrèrent plus d’une fois dans l’enceinte de l’École polytechnique, et y troublèrent les études. Ainsi, des élèves se joignirent aux sections de Paris qui, le 13 vendémiaire an iv, livrèrent bataille aux forces du gouvernement. Leur expulsion paraissait inévitable. Les membres de la Convention ne dissimulaient pas leur colère ; Monge parvint cependant, par ses démarches actives, à conserver aux sciences des jeunes gens tels que Malus, Biot, etc., dont les découvertes devaient, un jour, faire tant d’honneur à la France. « Si vous renvoyez ces élèves, dit Monge au conseil d’instruction réuni, je quitte l’école. » C’est avec un langage aussi ferme qu’en toutes choses on tranche les questions.

Tel avait été Monge devant la Convention irritée, tel il se montra lorsque Napoléon, à son tour, crut avoir à se plaindre de l’École.

Les élèves avaient accueilli avec une extrême froideur, et même quelquefois avec une désapprobation très-explicite et publique, les actes qui, peu à peu, devaient conduire à l’établissement du régime impérial. Le trône fut relevé, Napoléon y monta ; beaucoup d’élèves refusèrent de joindre leurs félicitations à celles de presque tous les corps constitués, et, de ce moment, l’École se trouva en grande défaveur. Il paraît même que des mesures de