Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/560

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des coutumes populaires. La certitude que la digression dont la chanson de Marlborough a fourni le texte aurait, en point de fait du moins, intéressé l’illustre géomètre, m’a peut-être entraîné au delà des limites que le sujet comportait. Je confesse ma faute, mais sans prendre l’engagement de ne la plus commettre, même en connaissance de cause, lorsque, sans blesser la vérité, je pourrai introduire dans les biographies de nos confrères des faits, des anecdotes, des détails, qu’à mon avis ils eussent désiré y voir ; je me conformerai à cette intention présumée tout aussi scrupuleusement que le ferait un exécuteur testamentaire en présence de la stipulation écrite la plus formelle. Dans cette œuvre de conscience, je ne reculerai pas même devant ce que j’appréhende à un très-haut degré : la crainte de fatiguer mes auditeurs et de leur causer de l’ennui.



EXPÉDITION DE SYRIE.


Monge et Berthollet accompagnèrent le général en chef dans l’expédition de Syrie. Monge fut atteint devant Saint-Jean-d’Acre de la terrible dysenterie qui décimait l’armée. Tout le monde tenait la maladie pour contagieuse ; cette opinion, chacun l’a deviné, n’empêcha pas Berthollet de s’établir dans la tente de son ami, et de lui prodiguer nuit et jour, pendant trois semaines consécutives, les soins les plus tendres. Bonaparte lui-même, quoique absorbé par les péripéties souvent cruelles d’un siége long, meurtrier et d’une difficulté sans exemple, allait régulièrement visiter son confrère des Instituts de France