Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/587

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j’ose dire que personne ne traitait un point de science d’une manière plus claire, plus pittoresque, plus attachante.

Le témoignage de deux mille élèves de l’École polytechnique ; celui des membres de l’ancienne Académie des sciences, de la première classe de l’Institut de France, de l’Institut d’Égypte tout entier, le témoignage enfin de Napoléon, sont, je pense, plus décisifs en pareille matière, que les décisions irréfléchies et sans convenance de madame Roland.

Vous avez remarqué, Messieurs, combien jusqu’ici il m’a été facile de renverser l’échafaudage de critiques que les ennemis de Monge s’étaient complu à édifier. J’arrive à deux points sur lesquels mon succès, je le crains, sera moins complet. Si j’écrivais ce qu’on est convenu d’appeler un éloge académique, je pourrais me jeter ici dans des considérations générales et vagues, formant, suivant l’usage, une sorte de voile à travers lequel les difficultés de mon sujet seraient faiblement aperçues, ou disparaîtraient entièrement. Un biographe n’a pas ces facilités, s’il est consciencieux ; tout ce qu’il articule doit être clair, net, précis, vrai, et ne jamais servir, malgré un adage célèbre, à déguiser la pensée. J’aborde donc, sans ambages d’aucune sorte, les deux reproches les plus spécieux qu’on ait voulu faire peser sur la mémoire de notre confrère.

Au début de sa vie politique, Monge applaudit avec un enthousiasme qui fut remarqué à l’abolition des titres nobiliaires. En 1804, Monge devint le comte de Péluze ; à partir de la même époque, il eut sur les panneaux de