Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/604

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de celui de ses travaux qu’il prisait le plus on gravât sur son tombeau la sphère inscrite au cylindre. Monge aurait pu, avec non moins de raison, demander qu’une figure tracée sur sa pierre tumulaire signalât les propriétés des lignes de courbure, ces propriétés si belles, si générales, dont les mathématiques lui sont redevables.

Monge a été le fondateur de la première école du monde ; d’une école très-justement appelée un principe, et que les pays étrangers nous envient ; d’une école qui a rendu d’immenses services, tant aux sciences pures qu’aux sciences appliquées, et devant laquelle, quand on l’a crue menacée, l’opinion publique s’est toujours placée comme un bouclier.

Enfin, le rôle de Monge pendant les combats de géants qui firent triompher la République française de l’Europe coalisée et de tant d’ennemis intérieurs, plus redoutables encore, ne sera pas effacé, aux yeux de l’histoire clairvoyante et impartiale, par celui des généraux les plus renommés de cette grande époque. Il eût été certainement moins difficile, en 1793, en 1794, de précipiter nos compatriotes désarmés contre les légions étrangères, qu’il ne le fut de leur fournir les canons, les fusils, les baïonnettes et les sabres dont ils firent un si patriotique usage.

Analysez, Messieurs, avec précision et netteté, en quelques mots techniques, sans aucun artifice de langage, comme je viens de le faire à l’égard de Monge, les ouvrages des hommes de tous les pays, qu’un assentiment tacite place aujourd’hui parmi les lumières de l’esprit humain, et vous en trouverez un grand nombre qui, ne