Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/610

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Dans un de ses voyages à Fontainebleau, son camarade Vanneau lui parla de quelques problèmes qu’il avait entendu proposer à l’École centrale, de celui-ci, par exemple :

Quelqu’un a un vase de douze pintes plein de vin ; on veut faire un cadeau de six pintes ou de la moitié, mais on n’a pour mesurer ces six pintes que deux vases, l’un de huit, l’autre de cinq pintes. Comment doit-on s’y prendre pour mettre six pintes de vin dans le vase de huit pintes ?

Poisson résolut à l’instant cette question et d’autres dont on lui donna l’énoncé. Il venait de trouver sa véritable vocation.

Parmi les membres du corps enseignant à l’École centrale de Fontainebleau, il en était un que nous avons tous connu, M. Billy, qui se distinguait par les plus rares qualités. Doux, patient, bienveillant, il devenait bientôt l’ami des jeunes gens qui lui étaient confiés ; il jouissait de leurs succès avec une vivacité toute paternelle. Tel était l’excellent homme qui fut chargé de diriger les premiers pas de Poisson dans la carrière des sciences. M. Billy, qui n’avait embrassé jusqu’alors dans ses méditations que les mathématiques élémentaires et des sujets purement littéraires, ne tarda pas à reconnaître qu’il venait de trouver son maître, et il ne s’en montra pas jaloux, tout au contraire. Cette supériorité de l’élève sur le professeur en titre eut de très-heureuses conséquences. M. Billy se livra aux études mathématiques les plus sérieuses, afin de pouvoir rendre une justice éclairée aux inventions qui lui étaient confiées par son élève, et dont il