Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/628

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qu’une possession de plus d’un siècle de durée devait faire repousser toute prétention nouvelle, comme si, en matière de science, la prescription pouvait jamais être invoquée au détriment du droit et de la vérité. Aussi, n’est-ce pas sur un pareil argument que Poisson fonde son opinion ; il prétend faire dater l’invention contestée du moment où l’algorithme et la notation qui ont prévalu furent, sur la proposition de Leibnitz, adoptées par tous les géomètres du continent ; mais comment notre confrère n’a-t-il pas remarqué que si l’invention résidait réellement dans la création de l’algorithme, toute discussion entre le géomètre allemand et le géomètre anglais eût été sans objet, car on n’en voit point de traces dans les fluxions de Newton. Je ne suis pas plus touché des difficultés que Poisson signale et que Fermat rencontra en l’absence de la formule du binôme, alors inconnue, pour trouver la différentielle d’un radical ; ces difficultés prouvent seulement qu’après la première invention, il restait encore beaucoup à faire ; que le nouveau calcul ne sortit pas de la tête du géomètre de Toulouse, comme Minerve du cerveau de Jupiter.

Remarquons d’ailleurs que Fermat ne fit pas seulement l’application de ses procédés à une question de maximis et minimis, qu’il s’en servit aussi pour mener des tangentes aux courbes, et que d’Alembert disait déjà, dans l’Encyclopédie, « que la géométrie nouvelle n’était que cette dernière méthode généralisée. »

Qu’on me permette maintenant cette remarque : ce n’est pas en quelques lignes, et sans une discussion approfondie, qu’on tranche une question sur laquelle