Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/75

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de Newton, les personnes peu au courant des connaissances mathématiques s’imaginent que, pour faire rentrer ainsi les mouvements planétaires dans le domaine de l’analyse, il a fallu surmonter des obstacles mille fois supérieurs à ceux que rencontre le géomètre moderne quand, lui aussi, il veut, à l’aide du calcul, suivre dans toutes leurs ramifications les divers phénomènes découverts et étudiés par les physiciens. Cette opinion, quelque générale qu’elle soit, n’en est pas moins une erreur. La petitesse des planètes, si on les compare au soleil, l’immensité des distances, la forme à peu près sphérique des corps célestes, l’absence de toute matière capable d’opposer une résistance sensible dans les vastes régions où les orbites elliptiques se développent, sont autant de circonstances qui simplifiaient extrêmement le problème, et le faisaient presque rentrer dans les abstractions de la mécanique rationnelle. Si, au lieu de mouvements de planètes, je veux dire de corps très-éloignés pouvant être censés réduits à de simples points, on n’avait eu pour guide que les phénomènes d’attraction de polyèdres irréguliers, agissant l’un sur l’autre a de petites distances, les lois de la pesanteur universelle resteraient peut-être encore à découvrir.

Ce peu de mots suffira pour faire entrevoir les obstacles réels qui rendent les progrès de la physique mathématique si lents ; on ne s’étonnera plus d’apprendre que la propagation du son ou des vibrations lumineuses, que le mouvement des ondes légères qui rident la surface d’un liquide, que les courants atmosphériques déterminés par des inégalités de pression et de température, etc., etc.,