Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/10

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Je me soumets donc sans réserve aux critiques qu’on pourra m’adresser à ce sujet. Je ferai seulement remarquer à tous ceux qui, venant chercher ici un délassement, n’y trouveraient malheureusement que de la fatigue, qu’un vieillard se laissant entraîner à parler avec trop de développement des mérites divers d’un ami, a peut-être droit à quelque indulgence.


ENFANCE DE GAY-LUSSAC. — SON ADMISSION À L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE.


Joseph-Louis Gay-Lussac, un des savants les plus illustres dont la France puisse se glorifier, naquit le 6 septembre 1778, à Saint-Léonard, petite ville de l’ancien Limousin, située près des frontières de l’Auvergne. Son grand-père était médecin, et son père procureur du roi et juge au Pont de Noblac.

Ceux qui ont eu l’occasion de remarquer la froide réserve qui caractérisait Gay-Lussac dans l’âge mûr, s’étonneront sans doute de m’entendre dire que, dans son enfance, il était bruyant, turbulent et très-aventureux. Pour justifier mon appréciation, je citerai un fait entre mille, que j’ai recueilli de la bouche de Gay-Lussac lui-même et que m’ont aussi raconté ses plus proches parents. Un vénérable curé, oncle de notre futur confrère, habitait une maison qui n’était séparée de celle occupée par la famille de Gay-Lussac que par une petite cour ; il avait établi son fruitier dans une pièce sur laquelle plongeaient les regards partant de la chambre où Gay-Lussac étudiait avec son frère, moins âgé d’un an. Le désir de