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MALUS.

jusqu’au bout. J’ai retrouvé dans les papiers de Malus, deux chants d’un poëme épique intitulé la Fondation de la France ou la Thémelie, et deux tragédies achevées ; l’une, sur la prise d’Utique et la mort de Caton l’autre, retraçant les horribles péripéties de la famille des Atrides et intitulée Électre. De beaux vers et quelques situations intéressantes ne m’empôcheraient pas d’avouer ici que le jeune adolescent n’avait point rencontré sa véritable vocation, si l’immense distance qui sépare dans l’œuvre de Racine les Frères ennemis d’Andromaque ne montrait avec quelle réserve on doit s’abstenir de ces jugements prématurés.

Malus avait fait marcher de front, avec un succès marqué, les études littéraires et celles de l’algèbre et de la géométrie. Il subit l’examen pour l’École du génie de Mézières, en 1793, et il fut classé cette même année comme sous-lieutenant dans la promotion où le général Bertrand occupait le premier rang. Mais des désordres graves dont l’École de Mézières avait été le théâtre, ayant amené sa suppression, Malus ne put pas profiler de son brevet d’admission. Il s’enrôla comme volontaire au 15e bataillon de Paris et alla à Dunkerque où il prit part, la brouette à la main, comme simple terrassier, aux travaux qu’exigeaient les fortifications de campagne dont on entourait cette place.

M. Lepère, ingénieur des ponts et chaussées, qui dirigeait une partie de ces constructions, ayant remarqué des dispositions particulières et non prévues dans la manière dont les soldats exécutaient les déblais et les remblais, et voulut en connaître l’origine. On lui désigna alors celui