Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/178

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Le roi Alphonse ne prend place dans cette collection de biographies qu’à raison de son dévouement à l’astronomie. Il réunit à Tolède les astronomes les plus célèbres de son temps, chrétiens, juifs et maures, et les chargea de rectifier les tables astronomiques arabes qui lui semblaient manquer d’exactitude.

On a prétendu que le résultat de ce travail, connu sous le nom de Tables alphonsines, lui coûta 40,000 ducats. Les collaborateurs d’Alphonse ne se distinguèrent par aucune idée capitale ou digne de remarque ; ils suivirent de point en point le système de Ptolémée, et leurs tables diffèrent seulement des précédentes par une amélioration sensible des mouvements du Soleil et de la longueur de l’année.

On raconte que le roi Alphonse, fatigué de cette complication de cercles et d’épicycles qui figuraient dans les conceptions de Ptolémée, s’écria « Si Dieu m’eût consulté au moment de la création, je lui eusse donné de bons avis. » Ces paroles, dans lesquelles on ne devait voir qu’une critique un peu vive de l’œuvre imaginaire de l’astronome grec, taxées d’impiété, ne furent peut-être pas sans influence sur les catastrophes qui marquèrent les dernières années de la vie d’Alphonse,

Il paraît que malgré sa juste appréciation du système astronomique alors en vogue, Alphonse, à d’autres égards, était imbu des préjugés de son époque et qu’il croyait fermement à l’astrologie judiciaire.

L’historien commettrait une injustice s’il ne disait que non content d’avoir voulu fixer les principes auxquels, les astres sont soumis dans leurs mouvements, Alphonse dota