Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/32

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Le 17 septembre 1805, MM. de Humboldt, de Buch et Gay-Lussae quittèrent Rome, pour se rendre à Florence ; ils prirent le chemin des montagnes, afin de visiter les bains célèbres de Nocera, auprès desquels les papes Clément XII et Benoît XIII firent construire de vrais palais, convenablement appropriés à tous les besoins des malades qui de juin à septembre répandent l’aisance dans ces contrées. Là, il se présenta un problème important. Morrichini avait trouvé, par l’analyse chimique, que l’air retiré de ces eaux devait renfermer 40 pour 100 d’oxygène, c’est-à-dire environ le double de la proportion du même gaz contenu dans l’air atmosphérique, ce qui paraissait incroyable. Gay-Lussac reconnut, en effet, que l’air retiré de l’eau des bains contenait 30 pour 100 d’oxygène, comme ordinairement toutes les eaux de source. L’effet salutaire des eaux devait donc être recherché ailleurs, car elles se trouvaient remarquablement pures, aucun réactif ne les troublait. Est-ce cette pureté qui les rend si efficaces ?

Dans les siècles mythologiques, les héros que les poètes grecs ont célébrés, parcouraient les contrées désertes pour y combattre les brigands et les bêtes féroces qu’elles abritaient ; nos voyageurs, comme on voit, semblaient à leur tour s’être donné la mission de détruire, chemin faisant, les erreurs et les préjugés, qui souvent ont fait plus de victimes que les monstres antiques exterminés par les Hercule, les Thésée, les Pirithoüs, etc.

Les trois savants arrivèrent à Florence le 22 septembre. Fabbroni, directeur des musées, les reçut avec la plus grande distinction. Il leur fit les honneurs des riches