Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/475

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chaque révolution entière de notre globe autour du Soleil cet axe s’est dévié d’une petite quantité ; en un mot, au lieu de faire marcher d’une certaine manière l’ensemble des étoiles circompolaires à la rencontre du pôle, il fit marcher le pôle à la rencontre des étoiles. Cette hypothèse débarrassa le mécanisme du monde de la plus grande complication que l’esprit de système y eût introduite. Un nouvel Alphonse aurait alors manqué de prétexte pour adresser à son synode astronomique les paroles profondes, si mal interprétées, que l’histoire attribue au roi de Castille (voir la Notice que j’ai consacrée à Alphonse X, p. 170).

Si la conception de Copernic, améliorée par Kepler, avait, comme on vient de le voir, notablement perfectionné le mécanisme des cieux, il restait encore à découvrir la force motrice qui, modifiant chaque année la position de l’axe du monde, lui faisait décrire en 26,000 ans environ un cercle entier d’à peu près 50 degrés de diamètre.

Newton devina que cette force provenait de l’action du Soleil et de la Lune sur les matières qui, dans les régions équatoriales, s’élèvent au-dessus d’une sphère dont le centre coïnciderait avec celui de la Terre, et aurait pour rayon la ligne menée de ce même centre à l’un des pôles : ainsi, il fit dépendre la précession des équinoxes de l’aplatissement du globe ; il déclara que sur une planète sphérique aucune précession n’existerait.

Tout cela était vrai, mais Newton ne parvint pas à l’établir mathématiquement. Or, ce grand homme avait introduit dans la philosophie cette règle sévère et juste :