Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/486

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par une marche inverse, s’engloutir dans la matière incandescente du Soleil ; les hommes enfin, auraient vu la Lune se précipiter sur la Terre.

Rien de douteux, de systématique, n’entrait dans ces prévisions sinistres. L’incertitude ne pouvait rouler que sur les dates précises des catastrophes. On savait cependant qu’elles seraient fort éloignées ; aussi, ni les dissertations techniques, ni les descriptions animées de certains poëtes, n’intéressèrent le public.

Il n’en fut pas ainsi des Sociétés savantes. Là on voyait avec douleur notre système planétaire marcher à sa ruine. L’Académie des sciences appela sur ces menaçantes perturbations l’attention des géomètres de tous les pays. Euler, Lagrange, descendirent dans l’arène. Jamais leur génie mathématique ne jeta un plus vif éclat ; toutefois, la question resta indécise. L’inutilité de pareils efforts semblait ne laisser de place qu’à la résignation, lorsque de deux coins obscurs, dédaignés des théories analytiques, l’auteur du traité de la Mécanique céleste fit surgir clairement les lois de ces grands phénomènes : les variations de vitesse de Jupiter, de Saturne, de la Lune, eurent alors des causes physiques évidentes et rentrèrent dans la catégorie des perturbations communes, périodiques, dépendantes de la pesanteur ; les changements si redoutés dans les dimensions des orbites, devinrent une simple oscillation renfermée entre d’étroites limites ; enfin, par la toute-puissance d’une formule mathématique, le monde matériel se trouva raffermi sur ses fondements.

Je ne puis quitter ce sujet sans nommer au moins les éléments de notre système solaire, desquels dépendent