Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/505

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que je voulus établir que, si la Lune modifie plus ou moins, suivant ses diverses phases, la hauteur du baromètre, ce n’est point par voie d’attraction.

Personne n’a été plus ingénieux que Laplace à saisir des rapports, des connexions intimes entre des phénomènes en apparence très-disparates ; personne ne s’est montré plus habile à tirer des conséquences importantes de ces rapprochements inattendus.

À la fin de ses jours, par exemple, il renversa d’un trait de plume, à l’aide de certaines observations de la Lune, les théories cosmogoniques, si longtemps à la mode, de Buffon et de Bailly.

D’après ces théories, la Terre marchait à une congélation inévitable et prochaine. Laplace, qui jamais ne se contenta d’une expression vague, chercha à déterminer, en nombres, la grande vitesse de refroidissement de notre globe, que Buffon avait si éloquemment, mais si gratuitement annoncée. Rien de plus simple, de mieux tissu, de plus démonstratif que l’enchaînement de déductions du célèbre géomètre.

Un corps diminue de dimensions quand il se refroidit. D’après les principes les plus élémentaires de la mécanique, un corps rotatif qui se resserre doit inévitablement tourner de plus en plus vite. Le jour, à toutes les époques, a eu pour durée le temps de la rotation de la Terre ; si la Terre se refroidit, le jour a sans cesse dût se raccourcir. Or, il est un moyen de découvrir si la durée du jour a varié : c’est d’examiner, dans chaque siècle, quel a été l’arc de la sphère céleste que la Lune parcourait pendant le temps que les astronomes de l’époque appe-