Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/573

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de l’intelligence et de la raison. Il est donc permis d’espérer que l’architecture, que la statuaire, sortant des voies étroites dans lesquelles on les forçait jusqu’ici de marcher, seront appelées à consacrer ces époques glorieuses où la France brisa une à une les entraves que la tyrannie et les préjugés, l’intolérance et le fanatisme avaient semées sous ses pas. Alors, Messieurs, le monument de Molière sans perdre le caractère qu’aujourd’hui vous lui imprimez, occupera une place éminente, qu’on me passe l’expression, parmi les chapitres de l’histoire nationale, en pierre, en marbre, en bronze, que le génie de nos artistes aura créée. L’objet, la date du monument, et surtout le lieu qu’il occupe, arrêteront fortement l’attention.

Remontez, Messieurs, par la pensée, au 21 février 1673. La foule se portait dans cette rue à flots précipités : ignorante, fanatisée, elle venait outrager la cendre à peine refroidie de l’auteur du Tartufe. Aujourd’hui, dans les spectateurs qui nous entourent, je n’aperçois que des admirateurs enthousiastes de l’immortel poëte.

Le 21 février 1673, on obtenait difficilement, malgré la protection avouée de Louis XIV, le modeste coin de terre où Molière devait reposer en paix. En 1841, en 1842, les pouvoirs de l’État, l’administration municipale de Paris, de grandes corporations, une multitude d’honorables citoyens ont voulu, à l’envi, concourir à l’acquisition du terrain où est venu s’élever le monument réparateur que vous saluez.

L’histoire a conservé les actes, moins odieux encore que ridicules, par lesquels un prélat, se soumettant de