Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

empreints de l’esprit mathématique dont il s’était pénétré dans sa jeunesse, à l’École polytechnique.

Il aurait pu, comme un autre, exciter l’étonnement de son auditoire, en se présentant devant lui sans aucune note manuscrite à la main ; mais il eût couru le risque de citer des chiffres erronés, et l’exactitude était le mérite qui le touchait le plus.

La connaissance que Gay-Lussac avait des langues étrangères, de l’italien, de l’anglais, de l’allemand, lui permettait d’enrichir ses leçons d’une érudition de bon aloi et puisée aux sources originales. C’est par lui que les chimistes et les physiciens, nos compatriotes, ont été initiés à plusieurs théories nées sur la rive droite du Rhin, et qu’il avait été chercher dans les brochures les plus obscures, les moins connues. Pour tout dire, en un mot, Gay-Lussac, qu’aucun chimiste contemporain n’a surpassé pour l’importance, la nouveauté, l’éclat des découvertes, a aussi occupé incontestablement le premier rang parmi les professeurs de la capitale, chargés d’enseigner la science à l’École polytechnique.

En entrant dans le laboratoire de Gay-Lussac, on était frappé au premier coup d’œil de l’ordre intelligent qui régnait partout. Les machines et les divers ustensiles qu’on y voyait, préparés la plupart de ses propres mains, se distinguaient par la conception et l’exécution la plus soignée. Vous me pardonnerez, Messieurs, ces détails. Si Buffon a dit, le style c’est l’homme, on pourrait ajouter avec non moins de raison, le grand chimiste et le bon physicien se reconnaissent à la disposition des appareils dont ils font usage. Les imperfections des procédés