Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/69

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glais et l’italien. Quelque temps après, elle devint sa compagne.

Je n’oserais conseiller cette façon aventureuse de se choisir une femme, quoiqu’elle ait parfaitement réussi au célèbre chimiste.

Belle, pétillante d’esprit, brillant dans le monde, que du reste elle n’aimait guère, par la grâce et la distinction de ses manières, madame Gay-Lussac a fait, pendant plus de quarante années, le bonheur de son mari.

Dès l’origine, ils prirent la douce habitude de faire, à la suite de petites concessions mutuelles, de leurs pensées, de leurs désirs, de leurs sentiments, une pensée, un désir et un sentiment communs. Cette identification en toute chose fut telle, qu’ils finirent par avoir la même écriture, en sorte qu’un amateur d’autographes peut croire de bonne foi qu’un Mémoire copié par madame Gay-Lussac a été tracé par la plume du célèbre académicien.

Trois jours avant sa mort, touché des soins infinis dont il était l’objet, Gay-Lussac disait à sa compagne : « Aimons-nous jusqu’au dernier moment ; la sincérité des attachements est le seul bonheur. »

Ces mots tendres, affectueux, ne dépareront pas le tableau que j’ai voulu tracer de la vie de notre confrère.

Le maintien de Gay-Lussac était toujours très-grave ; il s’associait franchement aux élans de gaîté qu’une anecdote bien choisie amenait dans les sociétés où il se trouvait réuni à ses amis ; mais il ne les provoquait jamais lui-même.

Gay-Lussac porta l’amour de son pays natal jusqu’au