Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ancien : « S’il m’était donné de recommencer ma vie, je ferais en toute circonstance ce que j’ai déjà fait une fois. »

Les obsèques du savant académicien furent célébrées le 11 mai, au milieu d’un nombreux concours dans lequel on remarquait la presque totalité de ses anciens confrères de l’Académie des sciences et quelques membres les plus illustres des autres Académies ; l’Institut tout entier témoignait ainsi qu’il n’eût pas pu faire alors une plus grande perte. D’anciens élèves de l’École polytechnique, la totalité des deux promotions présentes à l’École, des amis des sciences et beaucoup d’auditeurs reconnaissants des excellents cours de la Sorbonne et du Jardin des Plantes, se pressaient aussi autour du char funèbre.

Les opinions diverses qui, malheureusement, divisent notre pays, se trouvaient confondues dans cette foule recueillie et morne. Et qui aurait pu dire, en effet, à laquelle de ces opinions Gay-Lussac appartenait ? Quel parti pouvait se flatter d’avoir compté dans ses rangs le savant illustre ? Les compatriotes de notre confrère lui confièrent une fois l’honneur de les représenter à la Chambre des députés. Plus tard, comme on l’a vu, Louis-Philippe le nomma pair de France ; mais il n’aborda les tribunes de ces deux assemblées que fort rarement, et seulement pour y traiter des questions spéciales, objet de ses études favorites. Doit-on attribuer cette réserve à la timidité ? Faut-il seulement l’expliquer par le désir qu’avait Gay-Lussac de ne pas troubler sa vie ? Dans cette dernière supposition, il aurait parfaitement réussi. Jamais, la pire de toutes les calomnies, la calomnie politique, ne s’exerça sur la carrière scientifique de notre